Affaires volkswagen, renault… il y a bien des façons de tricher
Quelques mois après Volkswagen, c’est Renault qui se trouve désormais dans la tourmente pour triche sur les tests d’homologations. Seulement, ce fléau touche un panel bien plus large de constructeurs automobiles. Membre de la « Commission Royal » sur les tests des véhicules, France Nature Environnement et le Réseau Action Climat plaident pour des solutions structurelles. Les explications de France Nature Environnement (la porte-parole d´un mouvement de 3000 associations, regroupées au sein de 80 organisations adhérentes, présentes sur tout le territoire français, en métropole et outre-mer.)
Tricheries aux tests : un problème généralisé
Nos ONG dénoncent depuis longtemps les failles du système d’homologation. En effet, un nombre élevé de véhicules en circulation en France émettent en réalité bien plus de CO2 et d’oxydes d’azote (NOx) qu’en conditions de tests. Il faut dire qu’en laboratoire, ces conditions sont de plus en plus éloignées de la réalité.
Et les constructeurs automobiles préfèrent se cacher derrière des tests d’homologation ineffectifs plutôt que de respecter les normes. Face aux écarts importants constatés sur leurs véhicules, Opel, Ford et Mercedes vont ainsi être prochainement auditionnés par la Commission Royal.
Les Renault Captur et Espace sur la sellette pour des dépassements de normes de CO2 et de NOx
Innocuité des tests : l’exemple des véhicules Renault
Sur banc d’essai, la technique de dépollution de la marque est idéale mais dans des conditions de circulation réelles, elle est clairement moins efficace. En effet, ce système ne fonctionne que 25% du temps environ, lorsque la température extérieure est entre 17 et 35 degrés. Pourtant, la température moyenne en France est aux alentours de 12°C. De plus, 40 % des trajets quotidiens parcourus en voiture font moins de 2 km[1], le moteur est donc froid et ne réchauffe pas l’air ambiant qui est régulièrement en dessous de 17 degrés.
Rappel de 15 000 véhicules Renault : si la solution existe, pourquoi attendre le scandale pour changer ?
Pour expliquer ce fonctionnement limité du système de dépollution de ses véhicules, Renault invoque le manque de fiabilité du moteur. Or ce mardi 19 janvier, la marque a proposé de corriger ce problème sur les véhicules Euro 6, ce qui implique que les moyens technologiques sont d’ores et déjà disponibles pour respecter les niveaux d’émissions fixés par les normes. Alors, pourquoi ne pas en avoir équipé les véhicules dès leur fabrication?
Fraude ou pas fraude,il est encore trop tôt pour le dire, mais ce scandale n’a que trop duré. Il est temps que les citoyens soient informés de manière fiable sur les émissions et la consommation réelle de leur véhicule et que les normes fassent loi.
Trois mesures pour rendre plus fiables les tests d’homologation
Afin de réviser le système de test, France Nature Environnement et le Réseau Action Climat militent pour :
- La mise en œuvre des tests en conditions réelles de conduite doit intervenir au plus tard en 2017 en Europe.
- L’abandon des « marges de tolérance ». En octobre 2015, les Etats membres et la Commission européenne ont accordé des “marges de tolérance” aux constructeurs automobiles sur les émissions limites de pollutions. Nous voulons que cette mesure soit annulée et que les normes soient respectées.
- La mise en place d’un nouveau dispositif européen de surveillance. Celui-ci doit pouvoir superviser de manière indépendante le système d’homologation, effectuer des tests supplémentaires sur les véhicules présents sur le marché européen et sanctionner les agences de certifications ainsi que les constructeurs automobiles en cas de non-respect de la norme. Une mesure qui garantit l’indépendance des tests mais permettrait également de dissuader ces abus.
La commission Royal attend les prochains résultats des tests de l’organisme d’homologation (l’UTAC) mais aussi la rencontre des autres constructeurs dont les véhicules montrent des écarts importants d’émissions (Opel, Mercedes et Ford).
Pollution de l’air, question majeure de santé publique : 145 morts prématurées en France chaque jour
Ce fléau s’avère être une problème d’intérêt général. Chaque jour, la pollution de l’air tue prématurément 145 personnes en France[2] et les véhicules diesel en sont en partie responsables. Face à cette question majeure de santé publique et afin d’agir contre les changements climatiques, la mise en œuvre de normes incontestables sur les émissions de polluants et de CO2 des voitures est un impératif urgent. Les tests d’homologations doivent évoluer rapidement et les normes affichées doivent être respectées.
Le programme environnement de Renault
Que doit-on croire ? Vont-ils vraiment réduire de 3%/an comme annoncé dans la vidéo ? Peut-on faire confiance aux chiffres annoncés ..? La justice tranchera
Voir la page de Renault dédiée à l’environnement >>
[1] Observatoire de la mobilité, 2014.
[2] En 2013, 3 polluants ont été responsables d’au moins 52 200 décès prématurés en France : 43 000 dus aux particules fines PM2,5 – 7 700 au dioxyde d’azote – 1 500 dus à l’ozone. https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2015
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