Le vin est-il vraiment bon pour la santé ?
Le vin c’est bon pour la santé ! Depuis des années on entend ce discours en France et c’est surement parce que l’économie du vin fait vivre des dizaines de milliers de personnes en France. Il est probable que l’aspect culturel joue en la faveur des vignerons, et c’est pour cela que le ministère de la santé n’intervient pas trop sur le sujet. Mais faut-il croire cette affirmation vieille comme le monde ? Il faut savoir qu’en moyenne le foie humain a besoin d’environ 1 heure pour éliminer 1 verre d’alcool, mais quand on dépasse la dose, l’acétaldéhyde contenue dans l’alcool reste dans notre sang et dans nos tissus. Cela va contribuer au développement de radicaux libres, qui sont impliquées dans de nombreuses maladies : cancers, maladies dégénératives comme d’Alzheimer, ou les maladies cardio-vasculaires… Ya t-il des alternatives ? Sommes-nous tous égaux face à l’alcool ? Quels vins consommer plutôt qu’un autre ? Explications dans cet article…
Vos prédispositions génétiques
L’alcool en excès est notamment associé à une hausse du risque de cancer de l’oesophage, du foie, du sein, du larynx, ou encore de cancers colorectaux. La consommation d’alcool augmente aussi le risque de maladies cardio-vasculaires, de cirrhose et de troubles cognitifs à long terme (perte de mémoire, difficultés d’attention, etc.).
Le risque lié à la consommation d’alcool est cependant variable d’un individu à l’autre car il dépend aussi de différents facteurs, notamment :
- La prédisposition génétique
- L’hygiène de vie générale, et en particulier l’alimentation
Les sulfites c’est quoi ?
Le vin contient naturellement des sulfites, produits lors du processus de fabrication. Mais, d’autres sulfites sont généralement ajoutés afin de servir de conservateurs. Ces composés à base de soufre peuvent provoquer des réactions d’intolérance voire des réactions allergiques (plaques cutanées, dermatites, urticaires, asthme, conjonctivites, migraines, etc.). Une part importante de la population y serait sensible.
Les teneurs résiduelles de sulfites dans le vin sont très variables en fonction de la nature et de la qualité des vins, les vins liquoreux en étant les plus riches. Malheureusement, aucune réglementation n’impose d’afficher la teneur en sulfites et il n’est donc pas possible de connaître la quantité exacte des vins. Un verre de 20cl de vin rouge conventionnel peut ainsi contenir jusqu’à 32 mg de sulfites, soit 70% de la dose journalière admissible pour une personne de 65 kgs. On peut donc très rapidement se retrouver exposé à des quantités très importantes de sulfites, dépassant largement les doses recommandées.
Un verre de 20cl de vin rouge conventionnel peut ainsi contenir jusqu’à 32 mg de sulfites, soit 70% de la dose journalière admissible
Les sulfites sont également autorisés dans le vin biologique, mais la réglementation est un peu plus stricte. Par exemple, elle impose un dosage maximal de 110mg/L pour un vin rouge biologique au lieu de 160mg/L pour un vin rouge conventionnel. La réglementation du vin issu de biodynamie va encore plus loin en limitant l’apport à moins de 50% des teneurs conventionnelles (70mg/L pour le vin rouge par exemple). De même, le label Nature & Progrès va plus loin que le label bio conventionnel en limitant davantage la quantité de sulfites autorisés.
Les teneurs résiduelles de sulfites dans le vin sont très variables en fonction de la nature et de la qualité des vins
Qu’est-ce que la biodynamie ?
La biodynamie pousse la démarche du bio encore plus loin. Cette démarche porte une attention particulière à la qualité du sol, et à l’échange entre la terre et la plante. Ainsi, la biodynamie utilise des préparations à base de plantes et de bouses de vaches qui sont ensuite enfouies dans la terre pour l’enrichir et aider ainsi la vigne à mieux se développer. La biodynamie prend aussi en compte le mouvement des astres pour établir les calendriers de plantation.
Quels vins consommer de préférence ?
- Le vin rouge contient du resvératrol, un puissant antioxydant de la famille des polyphénols présent dans la peau et les pépins de raisin et qu’on retrouve ensuite dans les tanins. Or, les antioxydants vont permettre de protéger nos cellules de l’effet des radicaux libres. Les vins rouges jeunes et tanniques, ainsi que le cépage pinot noir, sont les plus intéressants car ce sont ceux qui contiennent le plus de resvératrol. Ainsi, consommer 1 à 2 verres de vin rouge pourrait présenter des bénéfices. Mais ces bénéfices dépendent là encore de la prédisposition génétique et de l’hygiène de vie générale.
- Le vin blanc ne présente quant à lui aucun bénéfice puisque la peau et les pépins sont enlevés au début du processus de fabrication : le vin blanc ne contient ainsi pas de tanins. Quant à la bière, elle contient également des antioxydants mais elle est aussi plus riche en sucre.
Le principal label biodynamique est le label Demeter. Son cahier des charges est plus strict que le label bio européen : les intrants y sont encore plus limités. Il existe également le label Biodyvin, moins courant et un peu moins exigeant que le label Demeter concernant la quantité de sulfites.
Le vin naturel va quant à lui encore plus loin que le vin biodynamique, puisqu’il combine les deux méthodes de l’agriculture biologique et de la biodynamie.
- Privilégiez les repas pour consommer de l’alcool car elle est dilué avec les aliments ingérés ; cela permet une diffusion plus lente de l’acétaldéhyde dans le sang.
- Optez pour du vin rouge et limitez votre consommation de vin à 5 verres par semaine (et à un verre maximum par jour, voire 2 en cas de gabarit important).
- Optez pour du vin bio issu de la biodynamie ou du vin dit “naturel” : moins contaminé en pesticides, ils sont aussi moins riche en sulfites.
- Choisissez du vin rouge jeune et tannique ou du pinot noir.
- Au quotidien, privilégiez une alimentation saine avec des produits frais de saison
Sources
– Yuka l’appli qui évalue la qualité sanitaire de vos aliments
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– Scientific Opinion on the re-evaluation of sulfur dioxide (E 220), sodium sulfite (E 221), sodium bisulfite (E 222), sodium metabisulfite (E 223), potassium metabisulfite (E 224), calcium sulfite (E 226), calcium bisulfite (E 227) and potassium bisulfite (E 228) as food additives. EFSA Journal 2016; 14(4): 4438.
– Vally, Hassan and Neil LA Misso. “Adverse reactions to the sulphite additives” Gastroenterology and hepatology from bed to bench vol. 5,1 (2012): 16-23.
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