L’aquaculture responsable : la réponse de l’ASC face aux enjeux de Seaspiracy

Depuis plus de dix ans, l’ASC (Aquaculture Stewardship Council) agit pour promouvoir une aquaculture responsable, c’est-à-dire des modes d’élevage de produits de la mer qui minimisent l’impact sur l’environnement et respectent les droits sociaux. Le documentaire Seaspiracy, diffusé sur Netflix, soulève avec force la question de l’exploitation excessive des ressources marines. Il préconise notamment de cesser de consommer des produits de la mer, une solution que l’ASC juge trop simpliste, car elle déplacerait les problèmes vers d’autres productions aux impacts négatifs potentiels (soja, élevage terrestre, etc.).

 L’aquaculture : un pilier indispensable de la sécurité alimentaire mondiale

D’après l’ASC, l’aquaculture joue un rôle crucial pour la sécurité alimentaire d’une population mondiale grandissante : dans certains pays, la consommation de poissons représente plus de la moitié de l’apport en protéines animales. Par ailleurs, l’élevage de crevettes et de poissons fait vivre des millions de personnes. Supprimer complètement cette source de nourriture pourrait causer d’importantes crises sociales et environnementales, car il faudrait se tourner vers d’autres systèmes de production qui ne sont pas nécessairement plus durables.

Pour être certifiée ASC, une ferme aquacole doit respecter un cahier des charges exigeant, organisé autour de trois piliers :

1. La conformité réglementaire, assurant le respect strict des lois nationales et internationales ;
2. Les critères sociaux, garantissant des conditions de travail décentes et protégeant les communautés locales ;
3. La préservation de l’environnement, visant à limiter les pollutions, à prévenir la déforestation des mangroves et à réduire l’utilisation de ressources marines issues de la pêche illicite.

Alimentation des poissons d’élevage : un choix crucial pour une aquaculture responsable

L’une des problématiques majeures soulevées par Seaspiracy concerne l’alimentation des poissons d’élevage. Certaines espèces carnivores (comme le saumon) ont besoin de protéines d’origine marine, mais l’ASC impose que celles-ci proviennent de sources responsables et traçables. Elle interdit formellement l’utilisation de farine et d’huile de poisson issues de la pêche illégale ou non déclarée. Les producteurs certifiés doivent justifier la provenance de chaque ingrédient et réduire la part de poissons sauvages dans les rations lorsqu’il est possible de le faire sans créer d’autres impacts négatifs plus importants (par exemple, le remplacement par des protéines terrestres à forte empreinte environnementale).

La protection des mangroves est également cruciale. Les crevettes étant souvent élevées dans des zones côtières, l’ASC interdit l’implantation de fermes sur d’anciennes mangroves défrichées. Ces écosystèmes sont précieux pour la biodiversité et captent d’importantes quantités de carbone. L’ONG soutient aussi des projets de préservation et de restauration, en Équateur notamment.

Plus d’information sur l’aquaculture responsable ici : asc-aqua.org

Enfin, l’ASC veille à la santé et au bien-être des animaux, en imposant des visites régulières de vétérinaires, un suivi précis de la mortalité et une surveillance constante de la qualité de l’eau. Les éleveurs doivent également limiter les risques de contamination des saumons sauvages, par exemple en contrôlant les parasites dans les fermes ou en évitant les fuites de poissons captifs.

Pour l’ASC, la voie la plus efficace pour répondre aux enjeux écologiques et sociaux liés à l’aquaculture n’est pas d’y renoncer complètement, mais de soutenir les pratiques responsables. Les référentiels ASC et la transparence (audits publics, traçabilité) doivent inciter les producteurs à améliorer constamment leurs performances et encourager les consommateurs à privilégier des produits de la mer ayant un impact réduit sur l’environnement.