Intégrer les risques de catastrophe dans les décisions d’investissement
Le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNDRR) a publié cette semaine un nouveau rapport intitulé “Delivering risk-informed investment : addressing the barriers“, qui propose huit domaines concrets dans lesquels les parties prenantes peuvent prendre des mesures immédiates pour intégrer les risques de catastrophe dans leurs décisions d’investissement. Dans son rapport publié en 2020, l’UNISDR observait un redoublement des catastrophes climatiques ces dernières années, leur nombre étant passé de 3 656 entre 1980 et 1999 à 6 681 entre 2000 et 2019. Vu l’accélération du phénomène, il est désormais fondamental d’intégrer les risques dans tout nouveaux projets. Explication…
Le rapport prévient qu’une variété de “risques à grande échelle, dynamiques et non linéaires” domineront le 21e siècle, ce qui nécessitera beaucoup plus d’investissements éclairés par le risque. Si les risques liés au changement climatique ont commencé à pénétrer le paysage financier, ceux déclenchés par d’autres types d’aléas restent largement extérieurs à la prise de décision financière. Les investissements qui évaluent de multiples sources de risque et les façons dont elles peuvent interagir de manière complexe et en cascade sont considérés comme “informés des risques” ; cependant, peu de décisions d’investissement entrent actuellement dans cette catégorie.
Des risques environnementaux mais pas que !
Plus de 300 risques potentiels – notamment environnementaux, technologiques, biologiques, chimiques et géopolitiques – sont susceptibles d’avoir un impact significatif sur le secteur des services financiers dans le monde. La récente pandémie mondiale COVID-19 a démontré qu’un seul risque peut avoir des répercussions sur l’ensemble de la société.
COVID-19 est l’exemple type de la façon dont les risques peuvent se répercuter en cascade sur les chaînes de valeur, les zones géographiques, les communautés et la macroéconomie au sens large. Il offre une occasion unique aux gouvernements de faciliter et d’exiger une approche multirisque dans les décisions d’investissement public et privé dans le cadre des budgets et de la planification de la reprise économique.
écrivent les auteurs du rapport
Quels obstacles à l’investissement en fonction du risque ?
Un processus de consultation avec les principales parties prenantes a permis d’identifier quatre domaines clés comme étant des obstacles à l’investissement en fonction du risque : Les preuves, la justification, la surveillance et le plaidoyer. Ces domaines peuvent être résumés comme suit :
- Compréhension incomplète des risques (preuves).
De nombreux gouvernements, entreprises et institutions financières manquent généralement de sensibilisation et de connaissances sur le large éventail de risques, ainsi que sur leurs interconnexions et leurs effets amplificateurs. - Un argumentaire non prouvé pour investir dans la RRC (Raison).
La justification financière ou l’analyse de rentabilité des coûts des catastrophes et de la valeur des mesures de résilience n’est pas suffisamment prouvée. L’élaboration de modèles financiers, de documents et d’études de cas pertinents pourrait rendre l’argumentaire plus convaincant. - Gouvernance et surveillance multirisques limitées (surveillance).
Il est absolument nécessaire de soutenir les gouvernements nationaux et les organismes de financement nationaux dans leur prise en compte des externalités négatives que crée une certaine activité économique. - Un scénario de RRC incomplet (Plaidoyer).
La pensée à court terme et l’absence d’un récit positif ont un impact sur la volonté de considérer la valeur de l’investissement en fonction du risque.
En se basant sur ces quatre domaines clés, le rapport recommande huit domaines dans lesquels les parties prenantes peuvent prendre des mesures immédiates et concrètes qui mènent à des changements tangibles. Les actions ont été sélectionnées en fonction de leur caractère concret et spécifique et de la mesure dans laquelle elles peuvent être facilement mises en œuvre. Elles ne sont pas exhaustives mais fournissent un point de départ immédiat.
Huit mesures pour sécuriser les investissements
Le rapport fournit des détails et des exemples pour chacune des huit étapes, y compris les acteurs les mieux placés pour mener à bien chaque étape spécifique. En bref, elles peuvent être résumées comme suit :
- Mettre à disposition des données de base pour mieux évaluer les risques liés à une série de dangers ;
- Développer des méthodologies, des orientations et/ou des preuves qui montrent le rapport coût-bénéfice de l’investissement en fonction du risque ;
- Présenter les informations et les documents de manière à ce qu’ils soient utilisables et démontrent comment les considérations de RRC peuvent être incluses dans les décisions financières, les dépenses publiques et les budgets ;
- Développer la réflexion et les conseils sur les responsabilités légales des directeurs d’entreprise en matière d’évaluation et de divulgation des risques de catastrophe dans le cadre des rapports annuels ;
- Dénoncer les obstacles réglementaires à l’investissement en fonction des risques ;
- Développer des cadres et des normes internationales qui améliorent la surveillance ;
- Elaborer un discours plus positif sur l’investissement résilient et le Cadre de Sendai et ;
- Plaider pour une compréhension commune de la nécessité pour le secteur financier d’intégrer la RRC dans la prise de décision.
L'investissement en fonction du risque a été identifié comme essentiel par le Cadre de Sendai, qui a été approuvé par tous les États membres de l'ONU en 2015 ; et il sera également crucial pour atteindre les Objectifs de développement durable de 2030 de l'ONU, qui appellent à des économies mondiales plus résilientes et durables.
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