COP26, quel bilan après cette première semaine ?
La première semaine de la COP26 vient de s’achever avec quelques avancées notables, mais beaucoup reste encore à faire. Des annonces encourageantes ont été faites sur les énergies fossiles : mercredi, plus de 20 pays et institutions annonçaient s’engager à mettre un terme à leurs financements internationaux pour les énergies fossiles… mais ce sera sans la France ! Petit retour en arrière…
Le discours d’Emmanuel Macron lundi avait donné le ton : “…pas d’annonce ou de nouveaux engagements…”, mais en coulisses, la France s’active pour que le gaz fossile soit inclus dans la taxonomie européenne, la classification de l’Union européenne des investissements considérés comme verts.
Fait extrêmement rare, la France s’est même vue décerner le Fossile d’or par des ONG Climat pour son double discours et sa diplomatie hasardeuse en faveur du gaz !
Analyse de la première semaine de la COP26
Le leadership de cette COP est venu des jeunes militants et des nations dites vulnérables au climat, alors que de nombreux dirigeants de pays plus grands et plus riches doivent encore s’engager. De jeunes militants de Namibie, d’Ouganda, du Bangladesh et du Mexique se sont rendus à la COP à bord du Rainbow Warrior, le navire de Greenpeace, pour dire aux dirigeants qu’ils doivent cesser cette inaction climatique.
Comme l’a dit le premier ministre de la Barbade, Mia Mottley, les pays ici à Glasgow doivent “faire plus d’efforts, faire plus d’efforts”.
Plus de 20 pays et institutions financières ont convenu à Glasgow de mettre fin à tout nouveau soutien public direct aux combustibles fossiles d’ici la fin de l’année prochaine, tandis que l’engagement de l’Inde en faveur des énergies renouvelables à l’horizon 2030 a été le genre de surprise qui peut inciter d’autres pays à agir.
Des communautés autochtones, des scientifiques, Greta Thunberg et des ONG ont protesté contre un nouveau groupe de travail, soutenu par des entreprises de combustibles fossiles comme Shell et BP, qui cherche à étendre radicalement la compensation des émissions de carbone.
Cela accroît la pression politique sur les nations les plus riches du monde, qui ont la plus grande responsabilité historique en matière d’émissions, afin qu’elles renforcent leurs ambitions et leurs engagements concrets en matière d’atténuation du changement climatique, de soutien à l’adaptation et de financement, conformément à l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement à 1,5 degré.
Une première semaine en demi-teinte
Si beaucoup de dirigeants se targuent de leurs efforts, la plupart des autres engagements pris jusqu’à présent n’ont été que des petits pas et les engagements substantiels manquent.
- les États-Unis
En tant que plus grand émetteur historique, les États-Unis ne doivent rien moins qu’une action ambitieuse pour réduire considérablement leurs émissions au cours de la prochaine décennie. Mais la principale contribution du président Biden à la COP a été jusqu’à présent un partenariat avec l’UE pour réduire de 30 % les émissions de méthane d’ici 2030. Bien qu’important compte tenu de la puissance de ce gaz à effet de serre, ce partenariat ne constitue pas un plan de transformation permettant aux États-Unis d’atteindre leur objectif climatique pour 2030. Les États-Unis devront présenter des plans beaucoup plus tangibles et contraignants pour réduire les émissions, supprimer les subventions aux combustibles fossiles et investir dans les infrastructures vertes au cours de la prochaine décennie pour pouvoir prétendre à un véritable leadership climatique sur la scène mondiale. - la Chine
Avant la COP, on espérait que le président Xi Jinping annoncerait un pic des émissions nationales avant 2025, ainsi que des engagements à réduire l’utilisation du charbon dans son système énergétique – mais l’absence de l’un et l’autre est évidemment une déception majeure. - l’Union Européenne
Bien qu’elle aime revendiquer son leadership en matière de climat, l’UE adopte actuellement une approche conservatrice des négociations, au lieu d’être le fer de lance d’une ambition plus élevée dans les discussions autour du texte final de l’accord de Glasgow. Son incapacité à soutenir fermement la déclaration de la High Ambition Coalition (HAC) est particulièrement décevante. L’UE doit de toute urgence renforcer son soutien à la position de la HAC et augmenter le soutien à l’adaptation pour les nations les plus vulnérables, à la fois par principe et si nous voulons avoir une chance de débloquer la politique afin d’obtenir un résultat positif.
La deuxième semaine de la COP26 doit voir se concrétiser un engagement des pays riches pour le financement, l’adaptation et le financement des pertes et dommages, ainsi que des règles solides dans l’accord de Paris pour maintenir l’objectif de 1,5°C et un signal clair pour mettre fin au développement d’énergies fossiles.
Les commentaires ne sont pas autorisés.