23 conseils pour la protection des sols en forêt

Dans Bois, Végétaux par le 26 janvier 20181 Commentaire
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La filière forêt-bois a beaucoup évolué dans ses pratiques de mobilisation ces dernières années (approvisionnement en flux tendus, besoins en petits bois et menus bois pour le bois énergie…). Il en est de même pour les machines forestières et les technologies embarquées pour optimiser la phase de l’approvisionnement vers les industries du bois.
Les propriétaires/gestionnaires forestiers se doivent de préparer les parcelles pour qu’elles soient accessibles et exploitables par les entreprises forestières. Il peut s’agir d’une desserte suf sante, de la désignation des arbres à enlever qui doit être bien visible pour les opérateurs, de la présence de cloisonnements pour permettre la circulation des machines.
Comment récolter des bois correspondant aux besoins des industries de transformation sans endommager les sols et la productivité forestière, en particulier lorsque les conditions météorologiques sont défavorables ? Explications dans cet article…

Qu’est-ce que la praticabilité ?

La praticabilité est le fait de pouvoir accéder à une zone autorisée à la circulation des engins forestiers sans dommage à l’environnement forestier (sol, peuplement…) à court, moyen et long termes. Elle est liée à la portance du sol (capacité du sol à supporter une pression extérieure), elle-même très dépendante de son humidité.
Cette possibilité d’accès, dans le cadre de la gestion durable des forêts, doit se réfléchir à l’échelle de la vie du peuplement. En effet, les machines de sylviculture et d’exploitation circuleront plusieurs dizaines de fois sur le même cloisonnement au cours du cycle forestier.
Ainsi, la praticabilité ne concerne pas uniquement l’accès possible lors du chantier en cours mais doit tenir compte des passages ultérieurs d’autres engins.

Pourquoi parler de praticabilité ?

Les évolutions des pratiques de la filière bois (approvisionnement des industries en flux tendu, moins de stock de bois ronds en usine…) et le raccourcissement des délais d’exploitation des coupes ont un impact sur le calendrier d’intervention. Cela conduit à travailler toute l’année avec les engins, parfois lors de conditions météorologiques peu favorables.
La sylviculture s’est dynamisée, avec un raccourcissement des passages en coupe (en moyenne de 6 à 10 ans en forêt publique). Ces intervalles de temps sont beaucoup trop courts pour permettre au sol de se restaurer en cas d’impacts graves. Il est donc nécessaire que la filière adopte des stratégies de précaution pour préserver le sol forestier, capital productif de nos forêts.

volume prélevé dans une parcelle
Exemple du nombre de passages (ici 14) et du volume prélevé dans une parcelle tout au long de la vie du peuplement (Chênaie continentale, Fertilité 1, Sylviculture dynamique)

Quels impacts des engins sur les sols et les peuplements ?

Différents impacts peuvent être causés par le passage des véhicules/engins : tassement, ornières, scalpage, compactage, liquéfaction (cf.image).
L’orniérage et le tassement des sols peuvent entraîner sur les arbres les plus proches des pertes de productivité voire leur dépérissement. De plus, la création d’ornières remet en cause l’accessibilité des parcelles forestières.

Exemple de cheminement des engins
Exemple de cheminement des engins en l’absence de consigne

Comment améliorer la gestion forestière en France ?

Afin de préserver le sol forestier, capital productif de nos forêts, les recommandations concernent chaque étape et chaque acteur de la mobilisation des bois : propriétaires/gestionnaires, entreprises d’exploitation forestière, donneurs d’ordres.

  1. Classer les parCelles/zones selon leur sensibilité potentielle et les identifier dans le doCument de gestion
  2. réfléChir au réseau de Cloisonnement optimal vers les plaCes de dépôts et adapter le réseau existant
  3. réfléChir au devenir des menus bois/rémanents
  4. adapter les délais d’exploitation ou de réalisation à la sensibilité du sol des parCelles
  5. adapter le nombre de produits pour limiter le nombre de passages des engins de débardage
  6. Choisir l’entreprise et son matériel en fonCtion de la sensibilité potentielle des sols
  7. assurer la visibilité du mode de marquage/désignation des tiges
  8. mettre en route le Chantier si la portanCe des sols est favorable
  9. transmettre les presCriptions de pratiCabilité aux intervenants
  10. définir lors de la renContre préalable les seuils d’alerte de profondeur d’ornières pour les différentes zones CirCulées
  11. réaliser un état des lieux ContradiCtoire avant le démarrage du Chantier
  12. s’organiser pour avoir un portefeuille de Chantiers, inCluant des Chantiers de repli
  13. orienter les bois en arête de poisson vers les Cloisonnements lors de la phase d’abattage manuel
  14. ne pas sortir des itinéraires définis ou des Cloisonnements avec les engins forestiers
  15. s’organiser pour respeCter les seuils d’alerte de profondeur d’ornière en fonCtion des évolutions de portanCe des sols
  16. limiter le nombre de passages en réalisant si possible le tri des produits sur la plaCe de dépôt
  17. réaliser un état des lieux final ContradiCtoire et définir, si besoin, les mesures à adopter
  18. maintenir la visibilité des Cloisonnements pour la proChaine intervention
  19. suivre la pluviométrie sur les zones de Chantiers
  20. planifier les vérifiCations des matériels et les formations pendant les périodes à risque d’arrêt
  21. profiter des arrêts imposés de Chantier pour se former
  22. analyser le retour sur investissement des équipements limitant le tassement des sols
  23. utiliser la modulation et l’annualisation du temps de travail

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Quels objectifs pour le guide PRATIC’SOLS ?

Le guide PRATIC’SOLS fait suite au guide PROSOL qui fut, après les tempêtes de 1999, le premier travail pluridisciplinaire d’importance sur le sujet de la sensibilité des sols forestiers. La filière forestière avait dû sortir beaucoup de bois dans un temps le plus court possible pour sauvegarder leur qualité avec parfois des impacts préoccupants sur les sols forestiers.
Les résultats de ces travaux furent particulièrement intégrés par l’ONF dans ses recommandations (Règlement national d’exploitation forestière) et sa politique environnementale (axe 3 : Sol), notamment par la mise en place de cloisonnements d’exploitation dans les parcelles.

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Ces dernières années, plusieurs hivers doux et très pluvieux ont rendu difficile la conciliation entre le respect de ces prescriptions protectrices des sols et la mobilisation nécessaire des bois. Les forestiers demeurent toujours plus soucieux de limiter les impacts aux sols. Les arrêts de chantiers imposés pour conditions climatiques ont provoqué des surcoûts dans les entreprises de travaux forestiers et posé parfois d’importants problèmes dans l’approvisionnement en bois des industries.
La FNEDT et l’ONF ont convenu qu’il était d’actualité de rédiger un guide pratique à l’intention des personnels de terrain (gestionnaires, exploitants ou entrepreneurs de travaux forestiers, conducteurs d’engins) au niveau desquels s’arbitrent les recommandations de protection des sols.
Ce guide répond à une problématique nationale visant à favoriser la mobilisation du bois tout en préservant l’environnement.
Nous espérons que ce guide apportera les réponses adaptées aux questions les plus fréquentes et donnera une vision plus large de ce sujet, gage d’une meilleure gestion des espaces forestiers.

Ce guide a pour périmètre les forêts de plaines et de collines/piémonts où sont principalement utilisés des systèmes d’exploitation terrestres pouvant entraîner de potentiels impacts sur les sols forestiers (principalement tassement et orniérage). Les forêts de montagne sont plutôt concernées par des problématiques de lutte contre l’érosion, thématiques non traitées par ce guide.

Les entrepreneurs de travaux forestiers, qui réalisent 80 % des travaux en forêt, sont le maillon intermédiaire entre la gestion forestière et les industriels. Ils se doivent de répondre de manière qualitative à la fois aux attentes des forestiers (respect du milieu forestier) et à celles des industriels (respect du cahier des charges produits et des délais de livraison), tout en restant compétitifs.
La société civile regarde les coupes de bois d’un œil de plus en plus interrogatif sans connaitre le rôle de production joué par la forêt. L’amélioration de l’acceptabilité des coupes passe aussi par une meilleure qualité des chantiers forestiers, notamment par le plus faible impact possible sur les sols.

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