Analyse des politiques et actions des entreprises du cac40 en faveur de la biodiversité
La biodiversité est à la base de l’ensemble de l’économie et donc du bon fonctionnement des entreprises. Le monde du vivant génère du business dont l’Homme tire des bénéfices. Cependant les ressources sont de plus en plus dégradées comme le montre le rapport du MEA & TEEB, un groupement de plus de 1300 scientifiques internationaux. Afin d’évaluer l’engagement des grandes entreprises françaises sur le sujet, B&L évolution a réalisé un référentiel de notation des politiques de biodiversité des entreprises. Ce modèle a ensuite été appliqué aux sociétés du CAC40 afin d’effectuer un classement en matière de démarches RSE des entreprises françaises en bourse. Résultats, classement, critiques et analyses dans cet article.
Pourquoi les entreprises françaises doivent-elles investir dans une démarche RSE ?
Le monde du vivant – aujourd’hui souvent désigné par le terme biodiversité – est à la base de l’ensemble de l’économie et donc du bon fonctionnement des entreprises. Les écosystèmes produisent un grand nombre de biens et services dont nous tirons un bénéfice et qui contribuent au bien être et au développement de l’humanité.
Et pourtant, depuis des années la biodiversité s’érode sous l’impact des activités humaines et nous perdons ainsi le potentiel évolutif des écosystèmes, qui n’est autre que la capacité du monde vivant à s’adapter aux changements et à perdurer dans le temps.
c’est un peu comme si nous étions en train de résilier notre assurance vie !
Pour preuve, le MEA Millenium Ecosystem Assessment (groupement de plus de 1300 scientifiques internationaux) estime que l’érosion de la biodiversité implique une perte annuelle directe de 1% du PIB et qui serait de 7% en 2050 et que la valeur des services produits par les écosystèmes dont nous bénéficions serait proche de la moitié du PIB mondial…
La méthode de notation des entreprises
Afin d’évaluer l’engagement des grandes entreprises françaises sur le sujet, B&L évolution a réalisé un référentiel de notation des politiques biodiversité des entreprises et l’a appliqué aux sociétés du CAC40. Il se sont basés sur le contenu des rapports extra-financiers de ces 40 entreprises, publiés en 2013. Pour cela, ils ont réalisé une grille d’analyse structurée autour de 8 thèmes :
- impacts sur la biodiversité,
- dépendances aux écosystèmes,
- périmètres de la démarche,
- formalisation de la stratégie biodiversité,
- outils mis en œuvre,
- pratiques d’innovation,
- législation,
- positionnement stratégique.
Ces thèmes sont déclinés en plus de 130 critères sur lesquels la maturité et la performance de la stratégie biodiversité sont analysées, qui permettent d’obtenir ainsi 80 critères de notation.
Résultats, les bons et les mauvais élèves
Sans surprise, on observe des disparités importantes d’une entreprise à l’autre, sur la nature de sa démarche, sa maturité, son périmètre ou encore par exemple ses résultats. Certaines ont pris une avance remarquable, comprenant l’intérêt stratégique de « gérer le risque biodiversité ». C’est notamment le cas des secteurs d’activité habituellement pointés du doigt pour leurs impacts importants sur la biodiversité comme la construction ou par exemple ayant une dépendance très directe forte comme les industries agroalimentaires.
Sur les 40 entreprises analysées, 6 ne publient pratiquement aucune information sur ce thème, déclarant que ce n’est pas un enjeu pour leur activité et un peu moins de la moitié (18/40) ont une politique biodiversité relativement formalisée.
La notion d’impact sur la biodiversité commence à être intégrée par de plus en plus d’entreprises (30 sur 40 approchent le sujet sous cet angle) alors que la notion de dépendance – en lien direct avec la gestion de risque pour une entreprise – n’est affichée que par 7 d’entre elles.
Conclusions de l’étude
Seul un quart des entreprises indique faire de la R&D sur le sujet et une sur cinq seulement mène des actions sur leur chaine de valeur.
La biodiversité, grande absente des démarches RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) il y a quelques années, commence à gagner du terrain dans le monde économique, grâce sa médiatisation et à la prise de conscience des entreprises de l’importance stratégique de cet enjeu pour leurs activités.
L’industrie agroalimentaire, les fabricants d’équipements électriques et électroniques sont les plus en avance.
Pour nous le problème principal reste que les entreprises du CAC40 n’envisagent pas la biodiversité comme un ensemble et n’évaluent pas les risques associés. La biodiversité est prise en compte dans un périmètre restreint – réduit aux contours de l’activité de l’entreprise ; elle n’est que très rarement traitée avec une approche chaîne de valeur ou cycle de vie des produits/services.
Remerciements :
Réalisation B&L évolution (Sylvain Boucherand, Camille Bouquet, Antoine Le Gal)
Pour aller plus loin…
Chiffres clés de la biodiversité (Source : rapports MEA & TEEB)
- 60 % des écosystèmes mondiaux sont dégradés
- 20 % des récifs coralliens de la planète ont disparu et + de 20% sont dégradés
- 35% des forêts de mangrove ont disparu
- Le prélèvement d’eau dans les fleuves, rivières et lacs a doublé depuis 1960
- 25% de la superficie terrestre est exploitée et érodée par les cultures ou l’élevage
- La moitié des espèces végétales et animales connues aujourd’hui pourraient avoir disparu d’ici
- Le coût de l’érosion de la biodiversité est de 7% du PIB mondial
Téléchargez le rapport complet
Rendez-vous à cette adresse pour lire le rapport en PDF (44 pages, très explicites vous apporte toutes les réponses)
Le greenwashing et l’écolodélinquance sont des termes malheureusement à la mode… Il vaut mieux préférer l’authenticité à la poudre aux yeux ! Nous avons pris ce parti, comme beaucoup d’autres entreprises 🙂 Et c’est tant mieux !
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