Lactation maternelle quels bénéfices pour la mère et l’enfant ?
Cet article a été écrit par le docteur et pédiatre Patrick de Boisse, pédiatre à Marseille. Il précise d’emblée qu’il est impératif de laisser se mettre en place la relation personnelle mère-enfant, faire « nature et découverte », et que ces moments privilégiés entre la mère et l’enfant créent un attachement durable. Voici ses conseils…
La montée de lait chez la femme
La montée de lait se fera souvent la nuit, maman seule, lors de la baisse physiologique du cortisol maternel : l’enfant pleure, car il ressent une modification comportementale de sa mère.
Pour éviter les engorgements, il ne faut pas hésiter à mettre plus souvent le bébé au sein, et ne pas trop boire car, à ce stade, les femmes sont souvent « pleines d’eau ».
Pour un bébé au sein, la courbe de poids a peu d’intérêt. Les pesées « avant-après » sont anxiogènes, donc à proscrire ! Les intrus aussi, tels que sucettes, biberons de complément ou balance.
Le biberon de complément est théoriquement à proscrire, mais, s’il est bien indiqué et rare, il peut se révéler utile transitoirement.
Les coussinets font macérer le lait et favorisent les mycoses ou les crevasses. Les coques mal utilisées, qui compriment les seins, gênent l’évacuation mamelonnaire. Bien adaptées, elles sont quand même pratiques ! Un bon soutien-gorge, adapté à la taille des seins, est important !
Le tire-lait
Le tire-lait dès la maternité peut s’avérer très utile à condition de ne pas utiliser n’importe quoi… Il y a autant de tire-lait que de voitures !
Il permettra au père de nourrir à son tour son bébé, et aux deux parents de gérer ensemble l’allaitement. Le lait récolté pourra être conservé au réfrigérateur pendant 3 jours, ou stocké au congélateur jusqu’à 3 mois. La maman pourra ainsi retrouver une certaine liberté.
Aucun médicament habituellement donné en maternité ne peut contre-indiquer un allaitement (antibiotiques, anti-inflammatoires, antihypertenseurs, bêtabloquants, etc.).
Quoi qu’il en soit, chaque cas doit être évalué individuellement.
Médicaments et allaitement ne font pas bon ménage !
L’aspirine est à proscrire. Le Prosac, l’héroïne et en général les molécules à longue durée de vie chez l’enfant sont de rares contre-indications. Les patientes porteuses du HIV en France ne peuvent pas allaiter. Des centres de références existent, plus efficaces que le « VIDAL »
La maman tabagique doit être encouragée à cesser son addiction pour l’allaitement, car la nicotine diminue la montée de lait et l’allaitement est un peu plus difficile à démarrer chez ces mamans.
Il faut éviter de fumer en allaitant, et attendre la fin de la tétée si l’arrêt total du tabac est impossible. Cependant, tous les projets d’arrêts du tabac sont envisageables en allaitant.
En cas de douleur (paroi de césarienne, périnée, sein..) la mère doit être traitée sans souci. En particulier il ne faut pas contre-indiquer les anti-inflammatoires pour les problèmes de périnée ou d’hémorroïdes, fréquents après l’accouchement, si le bébé est à terme.
La phase 2 de l’allaitement jusq’à 6 mois
L’allaitement sera souvent stable vers trois semaines à un mois. Il n’y a pas de « mauvais lait » et encore moins de « mauvaise mère ». Passé ce délai, la plupart des mamans apprécie cet allaitement qui pourra durer aussi longtemps que désiré.
La première pesée a quinze jours est suffisante (si le bébé est né à terme). Une prise de poids de 150 grammes par semaine peut suffire si l’enfant se comporte normalement. Les rares insuffisance de montée de lait peuvent être stimulées (par un traitement homéopathique, ou avec du Motilium).
Un enfant au sein ne souffre pas de diarrhée ni de constipation, même pendant huit jours sans selle, si les selles sont « normales » et l’enfant non ballonné.
La pilule même mini dosée ne doit pas être reprise avant six semaines après l’accouchement.
La diversification alimentaire avant six mois est peu prudente car à risque d’allergie et fera diminuer la durée de l’allaitement.
Souvent vers quatre mois, les tétées se régulent à quatre ou cinq par jour. Le sommeil est acquis la nuit si l’on n’a pas gêné sa mise en place, par une tétine inutile par exemple. La tétine va maintenir le réflexe de succion périnatale et déclenche des troubles du sommeil vers quatre/cinq mois : c’est l’âge ou l’enfant passe du stade « substance blanche sous-corticale » vers la « corticalisation grise » (« je jette ma sucette, comme ça, maman vient »).
Il ne faut pas craindre le pouce ou le doigt et respecter le choix de son bébé.
Phase 3 : six mois et plus, on s’arrête quand ?
Vers six mois, il faut se méfier des bébés qui réclament le sein toutes les nuits et cannibalisent leur mère . Il faut éviter aussi que la maman endorme son bébé au sein, se faisant prendre pour la tétine. À plus long terme, l’enfant, souvent un garçon, pourrait envahir le lit parental et gêner la vie de couple.
Les sécheresses vaginales peuvent apparaître du fait de la prolactine et doivent être traitées par des gels.
Souvent la reprise du travail arrive trop tôt, surtout pour les primipares, cela peut mettre à mal un allaitement bien installé. Pourtant au-delà de six mois, on peut travailler et allaiter avec une très bonne relation mère-enfant, la maman ayant retrouvé son corps et repris sa vie en main.
Pour conclure, on peut dire que c’est par une véritable information sur les bienfaits de l’allaitement maternel, tant pour l’enfant que pour la mère, que l’on pourra inverser la tendance actuelle. Il est important de présenter aux futures mamans tous les avantages liés à l’allaitement, mais aussi de les prévenir que ce n’est pas si facile et qu’il est indispensable de s’y préparer avant l’arrivée de ce cher bambin.
Et plus c’est long…
- Documentation supplémentaire :
Dossier sur la lactation maternelle
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