(Dossier) Biocarburants, est une solution durable et environnementale ?
Le biocarburant (ou agrocarburant) est un carburant qui provient de la biomasse, produit à partir de matériaux organiques non-fossiles. A l’inverse de ce que l’on pourrait croire, le suffixe « bio » ne signifie pas qu’il provient de l’agriculture biologique. Il existe principalement deux filières : les huiles et dérivés et la filière alcool ou sucre (à partir de betteraves, de cannes à sucre…). Une utilisation importante des biocarburants pourrait-elle avoir des effets bénéfiques sur les gaz à effet de serre ? Réduire notre dépendance au pétrole par les biocarburants, est ce la solution ? Explication dans ce dossier…
Agrocarburant, principe de fonctionnement
Les biocarburants ont pour but de se substituer aux carburants classiques.
L’idée semble bonne : le cycle naturel de la photosynthèse, transforme le CO2 présent dans l’atmosphère, en matière végétale, grâce au rayonnement solaire. La matière végétale qui est ensuite transformée en carburant, puis brûlée, libère à nouveau la même quantité de CO2 : un bilan global neutre en termes de CO2.
Afin d’obtenir du bioéthanol, il faut transformer des huiles végétales à travers un processus similaire à la distillation.
Les moteurs actuels (essence et diesel) sont facilement adaptables, à faible coût, afin de fonctionner aux carburants de synthèse. Pour les moteurs plus anciens, ils peuvent ne nécessiter aucune modification, et seul l’ajout d’un faible pourcentage d’énergie fossile dans le carburant de synthèse suffit.
Le substitut de l’essence sans plomb est le bioéthanol ou le E85 et pour les moteurs diesels, c’est le biodiesel ou le Diester ou le B100. On peut même éviter toute adaptation en mélangeant directement un faible pourcentage de ces carburants de synthèse aux carburants fossiles.
Le biodiesel et le bioéthanol constituent aujourd’hui les alternatives les plus prometteuses à court terme.
Biocarburants, quels inconvénients environnementaux ?
- L’alimentation
La culture des sols pour ces agrocarburants vient en compétition de la culture vivrière. En 2008, plus de 10% de la production mondiale de maïs est consacrée aux biocarburants. Ceci entraîne une hausse du prix du maïs, la hausse du prix du pétrole ne faisant qu’aggraver cette inflation des denrées alimentaires. Le prix des denrées alimentaires, au niveau mondial, a bondi de 50 % en 2008 sur le riz, le blé et le maïs.
Les premiers touchés sont donc les populations qui s’en nourrissent (le Mexique par exemple). C’est encore une fois les pays pauvres qui en pâtissent, avec un budget alimentation de près de 60% de leur revenu global.
- La déforestation
la destruction de la forêt tropicale amazonienne s’est fortement accélérée, attisée par une demande soutenue pour le soja ainsi que le maïs (et le bétail). Cette destruction s’effectue essentiellement dans l’Etat du Mato Grosso, plus gros producteur de Soja au Brésil.
Les Biocarburants contribuent grandement à la déforestation ainsi la déforestation actuelle progresse de près de 1,3 millions d’hectares par an soit 10 % de la déforestation chaque année sur l’ensemble de la planète.
Comme le Brésil, l’Indonésie commence à être critiquée pour sa politique de déforestation massive. Celle-ci a pour but de planter des palmiers à huile utilisés pour les biocarburants et la nutrition.
L’Indonésie possédant près de 80% des dernières forêts tropicales primaires d’Asie du Sud-Est, s’est vue perdre 72% de ses forêts anciennes les 50 dernières années.
Bilan carbone des carburants de synthèse
Étant tout de même meilleur que celui de l’essence, le bilan carbone des carburants de synthèse n’est pas tout à fait neutre.
En effet, les engrais contiennent de l’azote produit grâce à des énergies fossiles, donc non renouvelables.
De plus, la production végétale est issue de l’agriculture classique qui utilise du carburant, parfois fossile. Enfin, la combustion de l’éthanol produit des polluants plus dangereux que la combustion de l’essence.
La production et l’utilisation des biocarburants ne sont donc pas tout à fait propres et contribuent au réchauffement climatique.
L’agriculture des biocarburants
Afin d’être indépendante énergiquement, la France devrait accroître par 3 la surface des terres agricoles et les dédier uniquement à la culture du biocarburant. Une chose qui n’arrivera pas. L’après pétrole ne sera donc pas synonyme d’indépendance énergétique pour la France, et pour beaucoup d’autres pays, mais la production nationale sera plus importante que notre production actuelle de pétrole.
De plus, pour la régulation de la production, environ 10% des terres cultivables européennes sont laissées en jachères.
Les économies réalisées ne sont pas phénoménales mais avec l’incorporation de 5,75% de biocarburants en 2008, puis 7% en 2010 et 10% en 2015, elles seront tout de même significatives.
Pour atteindre cet objectif, les agréments fiscaux accordés aux usines de biocarburants vont fortement augmenter afin de promouvoir le biodiesel et le bioéthanol. Pourquoi alors ne pas essayer de plébisciter les culture de Jatropha ou d’algues pour la production de ces agrocarburants ?
Conclusion sur les biocarburants
Que faire face aux forêts dévastées, transformées en champs de maïs ou de soja ? Des destructions qui réduisent la biodiversité, bouleversent le climat (moins de CO2 absorbé) et chassent les peuples y vivent. Il apparaît donc urgent de développer de nouvelles formes de biocarburants avant que ceux actuellement utilisés ne déstabilisent encore plus l’économie alimentaire mondiale. D'autres filières existent aussi mais sont encore expérimentales pour la plupart, comme par exemple le biogaz carburant, ou la production de carburant de synthèse à partir d'algues, de micro-algues, ou de Jatropha. Mais les sociétés productrices se soucient-elles réellement de ces points négatifs ? Ne voient-elles pas uniquement l’aspect financier qui en découle ? Pour toutes ces raisons l’Union Européenne a revu à la baisse ses objectifs concernant l’utilisation de ces carburants de synthèse, afin d’assurer une croissance équilibrée et surtout plus durable.
Dans le cadre d’une réflexion sur le développement durable “planétaire”, il me semblerait judicieux de parler du nombre de personnes qui pourraient être nourries par les terres utilisées pour alimenter nos véhicules dans le cas où les agrocarburants seraient utilisés comme substituts aux énergies fossiles actuelles (après tout des gens meurent de faim, alors que pendant ce temps là on mobilise des centaines voire des milliers d’hectares de terres arables pour remplir les réservoirs des véhicules….où est le développement durable dans tout ça ?)
Bonjour,
Je comprends votre point de vue et je profite de votre message pour préciser que la thématique du site est le développement durable. Ceci ne nous empêche pas d’aborder des sujets connexes. En effet, si on veut changer les mentalités, il faut être objectif et parler de tout. Nous allons intégrer le bilan carbone dans nos articles pour classer les énergies selon différents critères (bilan carbone, degré de durabilité, etc.)