Le MSC est-il devenu le GREENWASHER de la pêche industrielle ?
Dans une étude inédite publiée cette semaine dans la revue scientifique internationale “PLOS ONE”, BLOOM et ses coauteurs des universités de New York et de Dalhousie (Canada) révèlent que le label MSC est en fait aux antipodes de sa mission d’origine, la préservation de l’océan. Un rapport édifiant qui met en lumière des pratiques de greenwhashing qui jettent un sérieux doute sur le label MSC et toutes les pêcheries industrielles certifiées par le label. Explications dans cet article…
Une stratégie de communication basée sur le greenwashing
BLOOM et ses coauteurs des universités de New York (États-Unis) et de Dalhousie (Canada) ont procédé à l’analyse exhaustive de toutes les pêcheries certifiées MSC depuis les origines du label. Les résultats révèlent de façon imparable l’ampleur de l’imposture du label MSC : à l’opposé de ses affirmations, le label MSC certifie en fait principalement des pêcheries industrielles destructrices. L’étude passe au crible la communication du MSC et révèle que le label MSC cachait ce vice fondamental en mettant principalement en avant la petite pêche côtière ayant un faible impact sur l’environnement marin.
Les auteurs de l’étude démontrent que la grande pêche industrielle à fort impact représente 83% des volumes certifiés MSC entre 2009 et 2017 mais seulement 32% de ses illustrations photographiques, alors que la petite pêche à faible impact ne représente au contraire que 7% des volumes certifiés mais 47% des illustrations. Le label MSC maquille ainsi sa réalité, “sans se sentir coupable“, pour correspondre à celle désirée par des citoyens de plus en plus exigeants à propos du bilan environnemental des produits qu’ils achètent.
Servant de bouclier marketing aux industriels de la pêche mondiale, masqué derrière de douteux oripeaux d’ONG, déterminé à duper le public comme les pouvoirs publics, le MSC empêche aujourd’hui toute possibilité de changement structurel du secteur de la pêche en légitimant les pires pratiques. Au lieu de soutenir les pratiques de pêche vertueuses pour l’environnement et l’emploi, le MSC s’est transformé en arme supplémentaire d’écrasement de la petite pêche côtière par la pêche industrielle et la grande distribution. Toutes les critiques formulées au MSC dans ce sens ont été balayées d’un revers de main par ses dirigeants.
…Il apparaît aujourd’hui que le label MSC, loin d’être une solution, est devenu un frein à la pêche durable…
> (s’ouvre dans un nouvel onglet)”> Lire l’étude scientifique de © Boom Association et de ses coauteurs >>
Au moment où les citoyens sont plus déterminés que jamais à soutenir une pêche vertueuse de proximité, ils se trouvent démunis, ne disposant pas d’outil fiable pour guider leurs achats responsables. Et toute la communication, notamment l’iconographie induit en erreur le consommateur, comme vous pouvez le voir sur l’infographie ci-dessous.
Que faut-il faire pour consommer vraiment durablement ?
Les populations de poissons s’épuisent, l’océan se vide, le temps presse, alors soyons pro-actifs !
En France, trois poissons sur quatre sont vendus en grande ou moyenne surface. Les marques de la grande distribution comme Leclerc, Carrefour, Intermarché, Casino, Auchan, SystèmeU, Métro… doivent distinguer très clairement sur leurs étals les poissons pêchés par la petite pêche côtière (navires français de moins de 12 mètres de long et utilisant uniquement des engins “passifs”), de ceux pêchés par la grande pêche industrielle.
- Réduisez votre consommation de protéines animales, poissons inclus. C’est le geste n°1 pour réduire notre “impact carbone” et limiter le réchauffement climatique.
- Demandez à votre poissonnier que la méthode de pêche soit clairement affichée — c’est la loi — et que la longueur du bateau le soit aussi.
- Achetez du poisson issu de la petite pêche côtière : navires de moins de 12 mètres et engins passifs (ligne, casier, filet, pêche à pieds).
- Si les indications sont insuffisantes pour être sûre de la méthode de pêche, passez votre chemin (et si vous êtes adepte d’une parole courageuse, faites connaître votre mécontentement).
- Diversifiez le contenu de votre assiette. Exit le saumon d’élevage et les crevettes tropicales, limitez le cabillaud. Tentez l’aventure avec des poissons peu valorisés mais pourtant très bons : merlu, tacaud, merlan bleu, anchois ou sardine.
Sources associées
- Donnez un coup de pouce à nos pêcheurs en faisant un don
- Lire l’étude publiée dans la revue scientifique PLOS ONE
- Consulter le guide des méthodes de pêche (édité par Bloom)
- Lire l’enquête de 2018 sur les pratiques de la grande distribution (par UFC que choisir)
- En complément du guide Bloom, consultez le guide des espèces de poisson à consommer de préférence
- Consultez également la liste des espèces menacées
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